Troisième par équipe

Photos Gilles Bertrand

L’ultime course de ce Championnat du Monde a livré le verdict inattendu d’une victoire du tout jeune Japhet Korir devant l’Ethiopien Merga, mais on en retiendra surtout la 3ème place de l’équipe du Kenya battue par l’Ethiopie et les Etats-Unis !

Trois ans plus tard, le Kenya n’achève pas sa campagne polonaise avec le même bilan… Bydgoszcz 2010 avait livré un palmarès exceptionnel aux Kenyans, qui étaient repartis avec tous les titres individuels et collectifs.  Même si le cross est devenu leur chasse gardée depuis des années, comme en témoigne le chiffre de 286 médailles conquises depuis 1973, c’était la première fois qu’un tel résultat était produit par les Kenyans.

 Et Bydgoszcz 2013 se termine avec un très joli bilan pour les Kenyans, qui empochent trois titres individuels et deux titres par équipe. Mais comme le dit l’adage populaire, un verre à moitié plein peut aussi être vu comme un verre à moitié vide… Cinq titres, c’est énorme, mais en retrait sur 2010. Et surtout le titre majeur a été perdu par le Kenya, supplanté de surcroît par les Etats-Unis, pour ne finir que 3^ème.

Alors, être battu pour l’Ethiopie, cela fait partie du jeu, tous les Kenyans le savent bien, mais se voir dépasser par les Américains relève du camouflet.

Japhet Korir, le nouveau champion du monde, se voit évidemment questionné sur la surprise et la déception que lui procure cette « défaite », mais il élude la question : « Je ne suis pas surpris. Et pas déçu. » Et il réfute aussi l’idée d’un quelconque problème dans l’équipe : « Il n’y a pas de problème. Ce sont juste des individus qui ont fait leur course. »

A voir tout de même, tant on sait que la préparation au Kenya est exclusivement collective, et que le dernier mois d’entraînement s’effectue en commun dans un stage national.

C’est d’ailleurs dans ce stage que Japhet Korir a bâti sa victoire : « Je me suis beaucoup entraîné dans le dernier mois. » Et c’est ainsi qu’il a pu incurver la tendance, au point de l’emporter, alors qu’il n’avait terminé que 6^ème aux Trials du Kenya. Il se justifie : « J’ai été blessé de mars à octobre l’année dernière. Je n’ai repris que tard. C’est pour cela que je n’ai pas pu faire mieux aux Trials. Et que j’étais prêt aujourd’hui ! »

Prêt à battre de gros talents, comme Imane Merga, le champion du monde en titre, ou T. Medhin, l’Erythréen médaillé d’argent en 2010. Mais Japhet n’a nul complexe face à ces athlètes qu’il ne connaît pas vraiment, avoue-t-il…

C’est ainsi qu’il ne s’est posé aucune question pendant la course, menant sa tactique sans s’attarder sur ses rivaux. Imane Merga, lui aussi, en plein progrès sur la phase terminale de la préparation, et qui a pu amener son équipe d’Ethiopie sur la plus haute marche du podium, grâce à un niveau d’ensemble très homogène, avec deux Ethiopiens dans le TOP 10.

Quant à Teklemariam Medhin, il renoue avec le succès sur ce parcours de Bydgoszcz où il avait déjà brillé en 2010, avec la médaille d’argent. Cette nouvelle médaille en bronze le comble tout de même, il s’en est fallu de très peu qu’il ne puisse disputer ce Mondial. Par la faute d’une vilaine crise de malaria, qui l’a stoppé pendant trois semaines. Et Mehdi a ensuite  vécu un voyage très compliqué pour venir jusqu’en Pologne, bloqué avec toute l’équipe d’Erythrée pendant trois jours à l’aéroport de Copenhague pour des problèmes de visa. Et ce n’est que la veille qu’il a pu enfin rejoindre Bydgoszcz, où l’attendait une nouvelle distinction…

 Les résultats