La victoire de Stephen Kiprotich a surpris tous les spécialistes. Le tout jeune Ougandais ne pointait pas parmi les meilleurs mondiaux, avec son chrono de 2h 07’20’’, et il n’avait guère d’expérience au niveau international, seulement le marathon de Tokyo conclue avec la 3ème place. Mais Stephen Kiprotich est un pur produit de l’entraînement à la Kenyane, il est coaché par Patrick Sang, vice-champion olympique et vice-champion du monde du 3000 m steeple.
Tout près de l’arche d’arrivée, Joos Hermens a le sourire. Le manager hollandais s’approprie aujourd’hui une nouvelle victoire, celle de l’Ougandais Stephen Kiprotich. Il ajoute aussi à son bilan la place du 2ème, Abel Kirui, et la victoire de Tiki Gelana sur le marathon féminin. Et il conclut en riant : « Nous faisons du bon travail ! »
Joos Hermens n’a cure des frontières. Sa société de management, la plus importante au monde, tisse sa toile à travers les pays, pour constamment regrouper les meilleurs athlètes. Ainsi c’est Joos Hermens qui l’a orienté vers le marathon. L’Ougandais n’était qu’un modeste steepler, qui avait fini 24ème au Mondial de cross juniors, mais Joos Hermens a pris les bonnes décisions : « On a fait des tests. On a vu qu’il n’avait pas une excellente vitesse, et qu’il serait meilleur sur les longues distances. »
C’est lui aussi qui lui a ouvert la porte du Kenya et du groupe d’entraînement de Patrick Sang, son éminence grise, qui chapeaute une trentaine d’athlètes. Stephen Kiprotich s’est ainsi retrouvé aux côtés d’Emmanuel Mutai, qui vaut 2h04’.
Le jeune Ougandais a aussi profité de la « recette-maison » Hermens. Celle de rôder les jeunes talents sur marathon, comme lièvres. Joos Hermens est convaincu de son efficacité : « Quand vous êtes capable de tenir jusqu’au 30ème kilomètre au côté des top athlètes, cela vous donne confiance. Vous savez qu’il ne vous resterait plus que 12 kilomètres à tenir. » Et parfois, la confiance vient de suite, comme pour Stephen Kiprotich au marathon d’Enschede 2011, où il ne s’arrête pas au 30ème comme prévu, et finit en 2h 07’20’.
Depuis cette première expérience, Stephen Kiprotich avait connu le baptême du feu d’un grand rendez-vous, au Mondial de Daegu, 9ème, et d’un grand marathon international, Tokyo, où il finit 3ème. Mais le jeune Ougandais ne pouvait se targuer d’un background comme celui de son homonyme du Kenya, Wilson Kiprotich, victorieux du marathon de Londres ce printemps, ou de celui d’Abel Kirui, double champion du monde…
Et Joos Hermens, lui-même, l’avoue : « Cette victoire est une grosse surprise ! » C’est aussi un moment exceptionnel pour l’Ouganda, puisque comme le rappelle Domenic Otucet, le Président de la Fédération d’Ouganda : « Nous n’avions plus eu de médaille d’or depuis John Aki Bua en 1972 sur le 400 mètres haies. »Une longue disette seulement interrompue par une médaille de bronze sur 400 m en 1996.
C’est de la partie Est du pays qu’est originaire Stephen Kiprotich, né à Kebaleku, au milieu des montagnes autour du Mt Elgorn. Une zone frontalière avec le Kenya, en altitude, qui pourrait être propice à l’émergence de talents, mais où les facilités manquent. Et où l’insécurité récurrente ne facilite pas les choses, ce qui a favorisé le départ de Stephen Kiprotich vers le Kenya. A cette période, la forte sécheresse dans cette région provoquait de fréquentes descentes des tribunes nomades pour mettre la main sur l’eau et les bêtes…
Mais cet épisode est achevé, le gouvernement a sécurité cette zone, et la fédération s’est attaquée à la construction d’un centre d’entraînement en altitude. Et c’est là que le président Otucet aimerait bien voir revenir Stephen Kiprotich dans un futur proche… Le jeune champion olympique n'hésite d'ailleurs pas à interpeller sa fédération et le Ministre des Sports d'Ouganda pour réclamer plus de moyens.
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