Fini les scénarios lénifiants et sans suspense ! Place aux rebondissements. Car en l’absence d’un favori dominateur, ils ont été nombreux à tenter leur chance et à se bagarrer pour figurer dans la tête de course.
Imane Merga espérait bien conserver son titre conquis il y a deux ans, mais son abandon aux sélections éthiopiennes n’avait pas vraiment convaincu sur son état de forme, intégré dans l’équipe par repêchage.
L’Ethiopien ne se trompait pas vraiment, il était bel et bien en état de reconquérir une médaille, et ses adversaires le comprirent très vite. Mais il n’était pas le seul, et surtout, il n’avait pas les moyens de prendre la poudre d’escampette.
A deux tours de l’arrivée, ils sont encore six en lice pour ce podium, Imane Merga, le Kenyan Korir, l’Ougandais Kipsiro, l’Erythréen Mehdin, et l’Australien Birmingham, qui démontre depuis le début de la course une belle combativité, de même que l’Américain True.
C’est juste avant la bosse dans l’avant-dernier tour que les choses vont se décanter, avec Japhet Korir qui accélère, suivi par Mehdin, alors qu’Imane Merga n’est que 3ème.
Dans le dernier tour, le scénario ne va pas changer, pour la tête de course, que Japhet Korir conserve, nullement inquiété par Imane Merga, qui ne joue que pour la 2ème place.
Dans l’aire d’arrivée, l’ambiance est plombée. Imane Merga attend ses compatriotes sans un geste vers Japhet Korir, qui peine à reprendre son souffle. Les regards sont lourds et crispés, le 2ème titre senior vient d’échapper à l’Ethiopie, et Mehdin n’est supplanté que de peu par Merga, un autre camouflet pour l’Ethiopie que cette présence forte maintenant de son rival de l’Erythrée sur les podiums…
Japhet Korir crée une immense surprise, jusque dans son propre clan. Il n’avait terminé que 6ème aux sélections du Kenya, et à 19 ans, il disputait ici son premier mondial chez lez seniors.
Il s’était déjà illustré sur ce parcours de Bydgoszcz il y a trois ans avec la médaille de bronze chez les juniors. Mais il l’avoue en riant, ce parcours n’avait plus rien à voir avec celui du précédent Mondial : « C’était beaucoup plus difficile. Ce n’était pas aussi plat. La côte était vraiment dure. »
Mais Japhet n’a jamais douté, explique-t-il : « J’étais prêt grâce à un entraînement très dur ! » Et il ajoute : « Je suis très heureux de ce premier titre chez les seniors. Je le dédie à ma famille, et à ma femme Caroline. Et maintenant, je veux gagner le 5000 m à Moscou ! »