• Rayan Hall

    Marathon de new york 2009. Ryan hall, un athlète au service de dieu

    Publié le 13 novembre 2009 à 08h51
     Rayan Hall

    A 13 ans Ryan Hall a eu envie d'accompagner son père triathlète, lors d'une de ses sorties en course à pied. L'objectif consistait à effectuer le tour du Lac Big Bear, en Californie, soit 24 km. A la fois asphyxié et comme dans un état second, à peine à la maison il s'écroula sur le canapé. Alors qu'il se demandait ce qui l'avait poussé à accomplir un tel effort, une voix lui intima : « Un jour, tu courras avec les meilleurs athlètes du monde. Ne considère pas ceci comme un cadeau, mais comme une mission que je te confie et qui te permettra d'aider ton prochain ». Voici commence la fabuleuse histoire de Ryan Hall le marathonien chéri des foules aux Etats Unis.

    Hall déclarera plus tard à ce propos et alors qu'il était déjà un marathonien de premier plan : « Ce jour-là, j'ai ressenti la présence de Dieu pour la première fois. C'était bien lui qui s'adressait à moi »

    Depuis cet appel du seigneur, en 14 ans, il a porté le record US du semi-marathon à 59'43'', fini 5èmeh au Marathon de Londres en 2h06'17'', pris 10ème aux J.O. de Pékin, terminé 3ème au Marathon de Boston en avril 2008 et 4ème cette année en 2h10'26'' au Marathon de New York.

     Durant sa préparation au marathon de New York, la seule question que se posaient les spécialistes était la suivante : Hall allait-il être l'homme susceptible de hisser le marathon américain au plus haut niveau, en battant les Africains qui règnent sans partage sur cette discipline ?

    Toutefois, tout en espérant dominer ses adversaires étrangers, il souhaitait devenir un être à leur image. « Les coureurs africains demeurent des exemples pour moi et m'ont inspiré. Ils ne conservent pas leurs primes, mais consacrent cet argent à contribuer au bien de leur communauté. En fait, leur réussite dans le running n'est pas une fin, mais un moyen destiné à améliorer le sort de leurs frères. Nous, Américains à leur instar nous devrions agir ainsi. Profitons du fait que les médias s'intéressent de nouveau à nous, parce que les longues distances renouent avec le succès dans notre pays. C'est génial ce coup de projecteur, mais il ne faut pas s'arrêter à la performance stricto sensu, mais réfléchir également à la façon, dont elle peut aider à rendre le monde meilleur et qu'enfin le bien triomphe» : poursuit-il face à la presse.                                    

    Rayan Hall Ryan et sa femme Sara, une athlète de bon niveau, spécialiste du demi-fond, du 5000 mètres et du 10 km, ont crée "The Hall Step Foundation". Cet œuvre caritative, après avoir récolté des fonds par le biais de dons met des actions en place, afin d'offrir une vie meilleure aux enfants les plus pauvres, tant en Amérique, qu'à l'étranger.

     Les Hall donnent l'exemple et s'investissent réellement au sein de la fondation. Sara a déjà fait don des 2500 dollars de prime, qu'elle avait reçu, suite à sa 3ième place au Fith Avenue Mile, le 26 septembre. Quant à Ryan, il a pris l'engagement de reverser à la fondation, tous ces gains récoltés au Marathon de New York. Il a décidé de répartir cet argent entre des écoles, où végètent les enfants les plus pauvres de cette mégalopole. Un établissement par arrondissent sera concerné, puisque le parcours emprunte les 5 boroughs. C'est-à-dire Staten Island, le Queens, Brooklyn, Manhattan et le South Bronx.

    " Je ne veux pas que les mômes perçoivent uniquement les athlètes comme des gens qui ne font que recevoir et se complaisent dans la gloire, mais comme des citoyens aptes à rendre. Sara et moi, nous ne sommes pas des cas isolés. Une prise de conscience se développe chez les sportif, de plus en plus nombreux à agir en ce sens. Ce qu'a réussi Lance Amrstrong en matière de cancer, je veux y parvenir en ce qui concerne la pauvreté dans le monde » : conclut-il, avant de se lancer, pris par l'éloquence, dans un vibrant monologue.

     « La plupart des grands marathoniens sont originaires de pays, où la misère est le lot de l'immense majorité de la population. Hailé Gebresselassié est né à Asella, une ville située dans l'Arsi, une région agricole de l'Ethiopie, qui a vécue des situations terribles. De part ses performances et de l'argent qui en a découlée, il a été en mesure d'investir dans son pays. Ce qui a permis de créer de nombreux emplois. Il a aussi travaillé à l'assainissement de l'eau et lancer des programmes de prévention contre le Sida...etc. »

     « J'ai couru mon premier marathon à Londres, en 2007. Cela m'a permis d'échanger avec les athlètes Africains qui s'investissent dans l'humanitaire. Parmi eux, j'ai pu rencontrer le Kényan Paul Tergat, qui en 2004 a été nommé : Ambassadeur contre la faim, par les Nations Unis. L'année suivante, il a pu mettre sur pieds une fondation à destination des jeunes coureurs Kényans dans le besoin. Je me suis également entretenu avec Lornah Kiplagat, qui a développé et financé au Kenya, un établissement réservé à 300 étudiantes et où les jeunes ont la possibilité d'assister à des cours d'éducation sexuelle, à dessein de leur faire prendre conscience, qu'il existe des moyens pour se prémunir du sida, qui ravage l'Afrique. »

    « Concrètement, ces athlètes m'ont beaucoup appris. Converser avec eux m'a fait me souvenir de cette première rencontre avec Dieu et à partir de là, la création de cette fondation avec Sara ne relevait plus seulement de la prophétie, mais allait se concrétiser, puisque telle était notre destinée. Si la présence de Dieu s'est manifestée en moi à 13 ans, chez Sara cela remonte à l'enfance. Elle a toujours manifesté sa volonté de travailler dans des pays sous-développés, afin d'aider les gens vivant dans la misère. »

     « Sara était différente des autres enfants. Quand ses compagnons de classe rêvaient de devenir docteurs, banquiers, riches, sportifs adulés, elle avait déjà la vocation, en ce sens où chez elle tout était tournée vers l'altruisme. A l'école, lorsque l'on demandait aux enfants d'exprimer à travers un dessin, la profession qu'ils souhaitaient exercer plus tard, elle représentait toujours des situations relatives à l'Afrique et plus particulièrement au sida. Pour elle, il s'agissait simplement de retranscription de sa prédestination, voulue par Dieu »

     « Lycéenne, pendant les vacances de printemps, Sara partait au Mexique. Evidemment pas dans un resort à Cancun, mais dans des villages en pleine campagne, où faute de soins la population souffrait de troubles respiratoires liés à l'asthme et d'autres maladies. Ca l'a bouleversée. Face à cette misère, elle a compris que la tâche était énorme, parce que la pauvreté existe hélas dans le monde entier. »

    « Sara et moi, nous nous sommes rencontrés lorsque nous étions étudiants à Stanford. Son vécu m'a ouvert les yeux sur le monde réel, car à cette époque en Californie, je vivais dans un univers idyllique. Dans les environs de Bear Lake, on croisait peu de sans-abris et Sara m'a fait prendre conscience de ce problème. Une fois par mois, nous nous rendions à San Francisco et au sein d'organisations caritatives, nous distribuions des repas aux plus démunis. »

    « En fait, j'ai vraiment été confronté à la misère du monde, lorsqu'après les JO de Pékin, ma femme et moi, nous sommes partis en Zambie rejoindre Team World Vision, une association caritative chrétienne. Là, avec Sara nous nous sommes retrouvés dans un pays sans moyens. Mais, j'ai pu opérer un parallèle avec le marathon. Lorsque l'on prépare un marathon, on travaille à l'accomplissement d'une performance et l'on escompte un résultat. Avec mes moyens, face à la misère, je me retrouve confronté face à un défi qu'il faut résoudre et plus je m'investis dans cette tâche, plus je constate des progrès. »
    « Ce séjour en Zambie, nous a renforcés ma femme et moi dans la nécessité d'agir et de créer cette fondation, ce d'autant plus que de part notre notoriété de coureurs, les gens seraient plus réceptifs à notre message et qu'ils nous seraient moins difficile de lever des fonds. »
    « Si l'argent apparaît important afin qu'un projet réussisse, il ne suffit pas à résoudre un problème. Des tas de programmes ont échoué, parce que des occidentaux que l'on ne peut pas critiquer, parce qu'ils étaient de bonne volonté ont fait preuve d'ethnocentrisme et ont agi au mépris des coutumes locales. Par exemple, lorsqu'il faut creuser un puits profond qui permet d'accéder à la nappe phréatique avec une pompe, il ne faut pas le faire trop près d'un village, car cela revient à mettre fin à la vie sociale des femmes, auxquelles incombe cette tâche. Le fait pour elles de se retrouver loin des hommes, leur permet de discuter librement entre elles. Voilà pourquoi les pompes des puits que l'on pensait plus accessibles ont fini par ne plus être entretenues et ont rouillé. Il importe donc d'observer le mode de vie des gens et de ne pas se comporter, comme si l'on débarquait en territoires conquis. »

    « Contrairement à ceux qui pourraient penser que je me disperse avec cette fondation, parce que je ne me consacre pas assez à la course, je dirais que c'est le contraire et que cela me rend plus fort et m'encourage d'une part à persévérer, puisque plus, je serai performant, plus je toucherai les gens sensibles à cette cause et d'autre part plus je durerai, plus ma mission divine aura de chances de toucher le cœur des gens et alors tous ensemble nous ferons évoluer le monde vers le bien. »

     « Et cela ne demande pas grand chose. Plaçons le problème à un niveau symbolique. Pour préparer le Marathon de New York, pendant 4 mois j'ai couru 192 km par semaine. Je me suis demandé combien de pas cela pouvait bien représenter. Je me suis rendu sur une piste et j'ai calculé le nombre de pas nécessaires à accomplir 400 mètres. Une fois à la maison, je me suis livré à des calculs et il s'est avéré que l'ensemble de l'entraînement sur 4 mois équivalait à 500000 pas. Un pas peut sembler peu de chose, mais si tous vous vous réunissez et n'en faîtes qu'un, au bout du compte cela marquera une belle avancée et avec un tel état d'esprit le monde s'en trouvera changé. »

    « Sara et moi avons été marqués par Mère Theresa et plus particulièrement par une de ces citations : « On ne peut pas soi-même réaliser de grandes choses, mais juste de petites avec beaucoup d'amour » De la même manière courir un marathon peut sembler décourageant si on l'envisage dans sa globalité. Comme prétendre mettre fin à la misère du monde d'ailleurs. Cependant l'expérience m'a appris que si j'appréhende cet effort, step by step, en me disant que chaque pas me rapproche de l'arrivée, je me rends compte que l'objectif initial demeure accessible. Et partant de cette idée est née The Hall Steps Foundation, car si tous ensemble nous apportons notre petite contribution, aucun ne obstacle ne nous résistera, et il en sera fini de la misère et de la pauvreté. »

    « Voilà, la course a changé nos vies et ce dès notre première séance. Coureurs, à travers une activité que vous aimez, je vous propose de nous rejoindre à la Hall Speps Foundation. Ainsi vous pourrez apporter l'amour à votre prochain, dans le besoin. »

    . Pour plus d'informations : www.thestepsfoundation.orgRayan Hall

    . Egalement lire le portrait de Meb Keflezighi, vainqueur du marathon de New York 2009